jeudi 13 mars 2014

Note : Potosi, la cité d'argent et de sang

Année 1544 : Diégo cherchant son lama décide de faire un feu prés de la montagne "potojsi" quant au bout de quelques minutes le sol se met à fondre dégageant un liquide brillant. Un filon d'argent vient d'être découvert.

Avril 1545 : Le drame commence. Les colons espagnols, déjà en place, ont appris l'existence du filon et l'excavation gargantuesque commence au pied du mont rebaptisé "Cerro Rico". Des milliers d'esclaves indiens sont soumis à l'extraction de leur minerai qui s'en va rejoindre par bateaux le pays colonisateur qui s'enrichit rapidement. Mais le travail est dangereux, les morts se succèdent à une vitesse fulgurante et les colons n'ont plus assez d'indiens sous la main. Ils font donc venir des milliers d'esclaves africains pour palier la pénurie de main d'oeuvre.

Année 1572 : La loi de la Mita. Afin d'augmenter la productivité, une loi est créée qui stipule que tous les esclaves de plus de 18 ans doivent travailler par roulement de 12 heures en restant sous terre pendant 4 mois mangeant, dormant, travaillant sous les mines. En récompense, un bandeau leur était offert au bout des 4 mois afin de se couvrir les yeux et éviter de devenir aveugle à la sortie des mines. Les esclaves mourraient par accident ou empoisonnés par le mercure à un rythme effréné.

Résultat : En 3 siècles, le sang de 8 millions de morts d'esclaves africains et indiens a coulé afin d'extraire des millions de tonnes d'argent destiné à l'enrichissement du royaume d'Espagne.

Année 1825 : Les mines commencent à s'épuiser alors que l'indépendance se dessine. Les boliviens peuvent récupérer leur pays et leur montagne vidée du minerai précieux. Des filons de zinc, d'étain et de plomb ont ensuite été découverts et l'exploitation a repris doucement jusqu'à nos jours.

Année 2014 : Les exploitations appartiennent aujourd'hui à des coopératives de mineurs. Mais ils travaillent dans les même conditions que celles de l'époque coloniale. Ils creusent de plus en plus profond dans l'espoir de trouver un bon filon. Ils mâchent de la coca toute la journée en espérant échapper aux maladies pulmonaires (la silicose). Et quand un mineur atteint de silicose a perdu 50% de sa capacité pulmonaire, il peut prendre sa retraite et s'il meurt, sa pension de 15 $ par mois est versée à sa famille. Assurance santé de haut calibre !

Aujourd'hui, les mineurs partagent les mines avec les touristes qui peuvent les prendre en photo, faire de la spéléologie et lancer de la dynamite dans les galeries. La tradition veut que les touristes offrent de la coca et du coca aux mineurs qui semblent apprécier ces visites. De plus, l'argent des visites serait en partie redistribuée aux coopératives des mineurs. Espérons ! Notons finalement, qu'une partie des touristes "mineurs" de la visite de 4 heures (les touristes portent le casque et la combinaison pour faire "mineurs" mais sans donner un coup de pioche) n'ont aucune idée de l'histoire des mines et des conditions des mineurs...Les autres, conscients de ce qui se passe, ressortent des mines mal à l'aise. L'endroit reste, semble-t-il, un lieu impressionnant et bouleversant. Peut-être que, dans le futur, les visites touristiques des mines permettront aux mineurs de devenir guide ou autre et de ne plus travailler dans ces conditions mortelles...

"Potosi s'éleva sur un pandémonium de cupidité au pied de richesses découvertes par hasard"... Mais cette richesse n'a profité ni à la Bolivie ni à son peuple...

Voici le mont en question :


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